Bonjour, chers Nick et Aaron ! Nous vous invitons à vous exprimez tous deux sur Paradise Lost France, lieu où tous les amateurs de mélancolie peuvent enfin se rassembler.
- Nous allons commencer par aborder ensemble votre nouveau DVD live, Draconian times MMXI. L’artwork apparaît comme assez intrigant, à la fois étranger et familier. En effet, il semble reprendre des éléments issus de la pochette originelle de Draconian Times en termes de forme, tout en marquant une très nette différence au niveau du contenu, notamment sur le plan chromatique.
Était-ce une volonté délibérée d’avoir à la fois un pied en 1995 et un pied en 2011 ?
Avez-vous votre mot à dire sur le choix des pochettes ? Si ce n'est pas le cas, pouvez-vous nous dire comment vous auriez imaginé celle de Draconian Times MMXI ?
Nick : Oui nous avons un contrôle sur l’artwork. Nous aimons l’aspect graphique de cartoon moderne combiné avec le style flamboyant des années 90, ce qui était délibéré.
Aaron : Nous avons toujours réussi à garder un contrôle artistique depuis le début et dans l’ensemble nous avons été chanceux d’avoir des maisons de disque nous ayant fait suffisamment confiance pour continuer. J’adore cet artwork, c’est une sorte de modernisation de l’artwork de "The Last Time" et il apparaît comme très contemporain et nouveau.
- Vous donnez la possibilité à un certain nombre de fans qui achètent en prévente le DVD, de laisser des commentaires qui apparaîtront dans le « final credit ».
D'où vous est venue cette idée ?
Nick : C’est une idée assez cool de CMDistro.com, mais ce n’est pas une idée qui vient du groupe lui-même ! Il s’agit juste d’encourager l’interaction au travers d’internet et de laisser les fans être une partie de ce support, ce que nous trouvons important.
Aaron : Il me semble que cela vient de notre maison de disque. Nous avons été très privilégiés de par le fait qu’ils savent comprendre notre musique et nos fans, tout comme les fans de musique eux-mêmes. Et c’est une seconde mise en perspective importante pour nous, quelque chose que nous n’avons pas eu beaucoup depuis l’époque de Music for Nations et son excellente équipe.
- Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez montrer à vos fans et qui n’a jamais été présenté sur support DVD jusqu’alors ?
Nick : "Sweetness" n’apparait pas sur le DVD car nous l’avons massacré ce soir-là ! Quelle honte alors que tout se passait bien pourtant…
Aaron : Nous sommes plutôt honnêtes et en tout premier lieu envers nos fans et nous avons déjà probablement dit pas mal de choses. Tu ne peux pas réitérer aussi souvent que tu le veux à quel point ils comptent pour nous et à quel point notre relation avec eux demeure spéciale, c’est agréable… derrière tout ça… mm… uniquement des choses vraiment personnelles ne sortiront jamais ! Haha.
- Vous étiez réfractaires à l'idée d'une tournée Draconian Times et vous avez finalement changé d'avis. Pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?
Pensez-vous renouveler l'expérience avec un autre album ?
Nick : Personnellement, je n’aime pas trop regarder en arrière, mais maintenant je réalise que beaucoup de personnes le font. Si les gens veulent entendre des vieilles chansons, et qu'il y a de la demande, alors ce n'est pas gênant d’en jouer, du moment qu'ils aiment aussi nos nouvelles chansons! ;-)
Aaron : Et bien on nous avait déjà fait la proposition il y a 6 ans et nous ne voulions vraiment pas le faire au départ. Personne ne le faisant vraiment à l’époque, donc il n’y avait pas de réelle compréhension de la volonté du public pour un concert de ce type. Et deuxièmement, je pense qu’à l’époque nous étions revenus à des guitares très heavy et nous ne voulions pas que cela apparaisse comme une tentative de se faire de l’argent sur notre passé. Mais après la sortie de "Faith Divides Us - Death Unites Us", soit un album plus heavy que "Draconian Times", on n’avait pas l’impression qu’on devait revenir vers un son plus ancien, parce qu’en fait c’est exactement ce que nous voulions faire. Honnêtement, nous n’avons pas finalisé la décision jusqu’à ce que nous ayons répétés et joués les morceaux, ce qui nous a fait réaliser à quel point nous aimions cela, et nous avons donc dit oui.
- Dans le même état d'esprit, pensez-vous dorénavant rajouter quelques chansons rarement interprétées en live dans vos set-lists ?
Nick : Cela dépend, car les gens réclament des chansons anciennes et obscures, et si nous les jouons ils ne se calmeront jamais ! Contrairement à ce que les gens pourraient croire, la grande majorité de notre fan-base nous connaît à partir de "Icon".
Aaron : En effet nous devrions, mais ensuite des gens se plaindraient que nous n’ayons pas joué une chanson x ou y. Donc nous ne pouvons contenter tout le monde lorsque tu dois choisir parmi 100 morceaux. Mais oui, je pense que nous le ferons de temps en temps.
- Si vous deviez comparer de manière arbitraire les tournées de 1995 et de 2011, quelle idée première vous vient tous deux à l’esprit ?
Nick : Nous n’avons plus de service de restauration en tournée! Ca me manque! C’était comme si nous étions Pink Floyd.
Aaron : Les différences de coût et les traiteurs ! Lol.
- Revenons sur les clips qui ont été créés pour Draconian Times, et tout d’abord sur celui que l’on considère comme le plus marquant et peut-être le plus beau de tous les temps : Forever Failure.
Quelle fut l’idée de départ ? Aviez-vous un scénario en tête ou vous êtes-vous laissé guider par le réalisateur ?
Quelle est donc votre part de responsabilité dans les idées pour vos vidéos ?
Nick : Dave Bernard, le réalisateur, a travaillé le fait que nous apprécions l’imagerie du malheur au-delà de tout grand concept. Le fil d’une histoire peut aider pour certaines chansons, mais la vidéo de "Forever Failure" est juste constituée de visuels servant à mettre en valeur la musique. Nous ne sommes pas énormément impliqués dans nos vidéos, mais il est essentiel de trouver la bonne personne car nous savons exactement ce qui est bon ou mauvais pour le groupe.
Aaron : Les personnes auxquels nous avons fait appel à l’époque pour nos vidéos (elles en ont fait un certain nombre comme "Widow", "Embers Fire", etc…) - nous étions vraiment à l’écoute de ce que nous allions devenir après - elles avaient des idées, nous avions des idées et Music for Nations en avait aussi. Et il s’agissait donc d’un sacré mélange pour être honnête… L’essentiel pour "Forever Failure", était que nous ne voulions pas de vidéo avec une performance (le groupe en train de jouer) puisque nous en avions déjà fait quelques unes dans ce style.
- Un enregistrement vidéo avait été fait lorsque vous étiez en studio pour l'album Draconian Times : vous nous présentiez le studio de Ridge Farm, les courts de tennis, la piscine dans laquelle Steve s'est jeté pour un pari...
Vous en souvenez-vous ? Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit en revoyant ces images ? N'êtes-vous pas nostalgique de cette période ?
Nick : Une fois de plus c’était comme si nous étions Pink Floyd ! Plus personne n’a ce type de budget aujourd’hui, l’industrie musicale ayant changée. Malgré tout, ce fut très agréable de goûter à ce monde durant quelques années !
Aaron : Oui, plutôt… mais je suis vraiment du type nostalgique. Je suis celui qui conserve tous les souvenirs du groupe, etc... De très bons moments, beaucoup d’excellents souvenirs durant cet enregistrement, c’était drôle et nouveau.
- Nous allons mobiliser vos souvenirs à tous les deux.
Lors de votre concert parisien pour la tournée de Believe in Nothing (le 13 juin 2001 à la Locomotive à Paris), il s’est produit un fait relativement unique. Vous avez interprété Forever Failure, et une belle jeune femme en longue robe dorée est montée sur scène durant le morceau pour effectuer une courte danse lascive. Nick, on se souvient encore parfaitement de ton large sourire ainsi que de tes yeux écarquillés.
Vous souvenez-vous tous deux de cet épisode (car vous étiez aux premières loges) ?
Quel a été votre meilleur souvenir en live depuis vos débuts ? Et au contraire le pire ?
Nick : Désolé mais je ne m’en souviens pas, malgré tout je me souviens très bien du club de la Loco. Pour être honnête, je ne rappelle pas de grand-chose du début des années 2000. Il y a toujours des problèmes sur scène, mais j’essaie de ne plus trop m’attarder sur ça actuellement. Personne dans le public n’est intéressé de savoir si tu n’as pas mangé depuis 12 heures ou si ta femme vient de te quitter. Tu dois simplement faire avec et donner le meilleur de toi-même.
Aaron : Mince, je devais probablement fermer les yeux ou headbanguer comme je le fais habituellement… Sacre Bleu (NDLR : En français dans le texte)
C’est une réponse assez commune, mais probablement marcher sur la scène du Dynamo ’95 alors que le crépuscule s’installait, et voir 130 000-140 000 personnes lever leurs mains et applaudir. J’ai eu mon plus grand sourire de tous les temps !
… Le pire… pas beaucoup pour être honnête. Nous avons fait un concert en Ukraine devant 25 000 personnes dans la grande place de la ville, en direct à la télévision sans Greg. J’ai adapté les parties de guitare pour guitariste seul durant la semaine antérieure quand nous avons réalisé que Greg ne pouvait le faire et jouait plutôt bien en y réfléchissant bien. Mais nous n’avions pas de sound-check, pas de retours, pas de sommeil ! Et sur scène ce fut un véritable cauchemar pour s’entendre les uns les autres, mais ça s’est bien passé finalement. Mais j’ai trouvé ça pour le moins très stressant. Mais nous devions le faire et je suis le type de personne à avancer et à passer à autre chose.
- Aujourd'hui, la technologie n'est plus la même qu'à l'époque de Draconian Times (CD, DVD, Blu-ray,…).
Êtes-vous partisan de la nouvelle technologie toujours plus propre, plus parfaite, ou préférez-vous le son à l'ancienne, plus naturel ?
Avez-vous des versions vinyle de vos propres albums, par exemple ?
Nick : Il y a du pour et du contre, la technologie c’est plutôt bien, mais quand tout le monde sonne de la même manière c’est mauvais. Il est bien trop facile de reproduire des sons et cela fait sonner de manière identique beaucoup de métal moderne, ce qui est plutôt triste. Je possède toujours beaucoup de vinyles, j’ai pris l’habitude d’aimer ça et ça sonne définitivement mieux, mais avoir 500 albums sur un tout petit appareil est bien plus pratique pour voyager !
Aaron : Je suis un grand amateur de vinyle, mais tous mes albums hors Paradise Lost ont été perdus dans une inondation il y a 12-13 ans, quelle honte. Mais rien ne pouvait battre le fait de revenir à la maison avec un nouveau vinyle comme un gosse, regarder l’artwork et lire toutes les notes de la pochette et les paroles. Je pense qu’une partie de cette magie s’est perdue de nos jours quand on achète un disque, mais par contraste je suis un grand amateur de nouvelles façons d’acheter de la musique. Je pense que le CD a été surpassé depuis son origine et le téléchargement légal de la musique, et écouter de la musique en ligne a ouvert tellement de possibilités pour les artistes, c’est génial. Donc, comme beaucoup de choses dans la vie, et il y a du bon et du mauvais dans tout !
- Vous vous apprêtez à rentrer en studio en octobre prochain. Dans quel état d'esprit vous sentez-vous ?
Nick : Plutôt stressé, car je prends le travail d’écriture très au sérieux. Tellement que j’ai tendance à oublier de l’apprécier alors qu’il se déroule. Quand nous aurons finalisé toutes les chansons, alors je serais à même de me relaxer et de profiter joyeusement du processus d’enregistrement.
Aaron : Répéter et jouer intensément quelques-unes des nouvelles chansons,la création en studio, et voir le tout s’assembler est toujours magique pour moi, même après plus de 23 années
- Vous avez dit dans une récente interview que le prochain album qui sortira en mars 2012 serait proche de Symbol of Life.
Désormais, votre musique sera-t-elle toujours proche de ce que vous avez précédemment fait ou pensez-vous un jour ré-expérimenter de nouveaux sons comme à l'époque de Host ?
L’expérimentation a-t-elle pris une autre place aujourd’hui dans le groupe qu’en 1997 ?
Nick : Pour être honnête, je ne me souviens pas avoir déclaré que le nouveau matériel soit proche de Symbol Of Life, et peut-être les propos ont-ils été déformés ou cela a été dit très précocement dans le processus d’écriture. Ce n’est pas similaire à Symbol Of Life, les chansons sont assez heavy et même plus mélodiques que le dernier album.
Aaron : Je pense qu’il s’agit d’une déformation ou peut-être d’un problème de traduction, car le nouvel album constitue sa propre entité. Il y a beaucoup de variété et il sonne vraiment bien, mais je manque totalement d’objectivité. Mais c’est pourtant vrai ! La seule chose que je puisse dire concernant tout ce que nous faisons, c’est que ça sonnera comme du Paradise Lost, nous ne sommes plus assez frais pour faire autre chose ! Haha.
- Continuerez-vous, pour vos prochains albums, à garder le même schéma que par le passé, notamment avec un titre épique en dernière piste, comme Over the Madness, ou In Truth, sans parler des instrumentaux comme Deus Misereatur et Desolate qui étaient eux aussi à la fin de deux de vos albums du début ?
Nick : Impossible à dire car ça n’est jamais planifié. Cela dépend de la manière dont les chansons sonnent après avoir été enregistrées.
Aaron : On ne peut jamais deviner l’avenir, et nous n’avons jamais tenté de le faire c’est certain. Nous aimons aussi les doomesques titres mélancoliques, donc il y a toujours de la place pour plus.
- Avez-vous pensé à réorchestrer d'anciens morceaux en version orchestrale ?
Un très beau morceau avec de beaux violons, tel que Your own Reality qui s'avère être très discret, peut-il espérer un jour être réorchestré avec de véritables instruments à cordes ?
Nick : Ce serait génial, et c’est quelque chose qui est évoqué depuis que le groupe existe, mais le réaliser est vraiment une chose à part entière. Mais qui sait ce qu’il se passera dans le futur.
Aaron : Qui sait… nous avons des orchestrations sur pas mal de titres depuis des années, donc c’est tout à fait possible. Mais ce ne serait pas si inhabituel que ça je pense.
- Nous considérons que vous êtes les fondateurs du genre "métal gothique".
Quel regard portez-vous sur ses différentes expressions actuelles ?
Y a-t-il des groupes qui arrivent à attirer votre attention dans ce créneau musical?
Nick : J’aime le bon travail d’écriture, peu importe le genre. Le seul autre groupe que j’écoute de notre style est Type O Negative, et je doute que quelqu’un puisse un jour combler ce vide. Dans le parcours des nouveaux groupes, je pense que Ghost écrit de bonnes chansons me rappelant ce que j’aimais dans le métal des années 80.
Aaron : J’aime le nouveau Ghost Brigade alors que je suis en train d’écrire. Il y en a tellement d’autres, mais c’est celui que je suis en train d’écouter en ce moment même.
- Vos doutes, vos craintes, vos opinions et vos regrets sont-ils une source d'inspiration pour écrire les paroles ?
Aaron : Laissez cela pour le Maître Wordsmith, Dr Holmes (NDLR : Le Dr Wordsmith est une série télévisée américaine à visée pédagogique, ayant pour but de développer le vocabulaire des étudiants. Elle était souvent directement utilisée en classe).
Nick : Tout est une inspiration : la communication, les relations humaines, la religion, ça ne me dérangerait pas de devenir un Sataniste, Ghost m’ayant définitivement fait retourner au culte Satanique. A quoi ressemblent les heures ?
- Quel métier auriez-vous fait s'il n'y avait pas eu Paradise Lost ?
Nick : Je n’en ai absolument aucune idée, mais je me demande souvent ce qu’il se serait passé.
Aaron : J’aurai probablement poursuivi ma formation d’ingénieur (j’ai effectué l’ensemble de mon apprentissage) et joué de la musique durant mon temps libre. La musique est une passion et un hobby plus que d’être un boulot pour moi.
- Avez-vous une idée de projet dans la tête qui vous trotte et que vous gardez pour plus tard ?
En tant que groupe, quels sont vos objectifs restants ?
Nick : Des buts ? Qui sait ce qui peut se passer, tu dois vivre au jour le jour en tant que musicien et travailler dur pour rester entier. Maintenant tout de suite mon but est de faire un meilleur album que le précédent, et nous parlerons de domination du monde plus tard.
Aaron : Continuer à aimer ce que nous faisons et s’éclater ensemble entre amis.
- Tout le monde sait que le public français est le meilleur au monde (nous sommes bien entendu ironiques).
Mais que lui attribuez-vous de particulier en comparaison au reste du monde ?
Nick : Les foules changent uniquement si le public est plus jeune, car peu de personnes de plus de 30 ans font du stage-diving, peu importe la nationalité ! La France a toujours été un excellent endroit pour jouer pour Paradise Lost, nous y avons pas mal d’amis et bien évidemment la nourriture attire toujours notre attention.
Aaron : Et bien il n’y a pas de meilleur public dans le monde. J’ai fait un concert dans le hall d’une piscine en Suède au début des années 90 devant 150 personnes et c’était aussi amusant que certains plus gros concerts que nous avons fait depuis ! Il s’agit du public présent au concert et de la vibration et aucune nation ne possède ça uniformément. Par contre, j’adore terminer nos principales tournées européennes en France, en général Paris, ce qui s’est produit à plusieurs reprises. Et il s’agit toujours d’excellents concerts, donc ils ont une place toute particulière dans mon cœur. J’ai même le dernier concert de la tournée de "Faith Divides..." à Paris et c’était l’anniversaire de mes 40 ans, tellement spécial et plein de souvenirs aussi
- Pour finir, y a-t-il une question que l'on ne vous a jamais posée et à laquelle vous souhaiteriez répondre ?
Nick : Pas vraiment, trop souvent tout a déjà été révélé !
Aaron : Question : "Aaron, aimerais-tu rencontrer Ennio Morricone?"
Réponse : "Oui, s’il-vous-plait !"
Merci à tous deux pour cette interview, et bon courage pour l'enregistrement du prochain album.
Rendez-vous prochainement en tournée…
Nick : Merci ! (NDLR : En français dans le texte)
Kirhel, Vlad et Lorelai pour Paradise Lost France.
- Nous allons commencer par aborder ensemble votre nouveau DVD live, Draconian times MMXI. L’artwork apparaît comme assez intrigant, à la fois étranger et familier. En effet, il semble reprendre des éléments issus de la pochette originelle de Draconian Times en termes de forme, tout en marquant une très nette différence au niveau du contenu, notamment sur le plan chromatique.
Était-ce une volonté délibérée d’avoir à la fois un pied en 1995 et un pied en 2011 ?
Avez-vous votre mot à dire sur le choix des pochettes ? Si ce n'est pas le cas, pouvez-vous nous dire comment vous auriez imaginé celle de Draconian Times MMXI ?
Nick : Oui nous avons un contrôle sur l’artwork. Nous aimons l’aspect graphique de cartoon moderne combiné avec le style flamboyant des années 90, ce qui était délibéré.
Aaron : Nous avons toujours réussi à garder un contrôle artistique depuis le début et dans l’ensemble nous avons été chanceux d’avoir des maisons de disque nous ayant fait suffisamment confiance pour continuer. J’adore cet artwork, c’est une sorte de modernisation de l’artwork de "The Last Time" et il apparaît comme très contemporain et nouveau.
- Vous donnez la possibilité à un certain nombre de fans qui achètent en prévente le DVD, de laisser des commentaires qui apparaîtront dans le « final credit ».
D'où vous est venue cette idée ?
Nick : C’est une idée assez cool de CMDistro.com, mais ce n’est pas une idée qui vient du groupe lui-même ! Il s’agit juste d’encourager l’interaction au travers d’internet et de laisser les fans être une partie de ce support, ce que nous trouvons important.
Aaron : Il me semble que cela vient de notre maison de disque. Nous avons été très privilégiés de par le fait qu’ils savent comprendre notre musique et nos fans, tout comme les fans de musique eux-mêmes. Et c’est une seconde mise en perspective importante pour nous, quelque chose que nous n’avons pas eu beaucoup depuis l’époque de Music for Nations et son excellente équipe.
- Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez montrer à vos fans et qui n’a jamais été présenté sur support DVD jusqu’alors ?
Nick : "Sweetness" n’apparait pas sur le DVD car nous l’avons massacré ce soir-là ! Quelle honte alors que tout se passait bien pourtant…
Aaron : Nous sommes plutôt honnêtes et en tout premier lieu envers nos fans et nous avons déjà probablement dit pas mal de choses. Tu ne peux pas réitérer aussi souvent que tu le veux à quel point ils comptent pour nous et à quel point notre relation avec eux demeure spéciale, c’est agréable… derrière tout ça… mm… uniquement des choses vraiment personnelles ne sortiront jamais ! Haha.
- Vous étiez réfractaires à l'idée d'une tournée Draconian Times et vous avez finalement changé d'avis. Pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?
Pensez-vous renouveler l'expérience avec un autre album ?
Nick : Personnellement, je n’aime pas trop regarder en arrière, mais maintenant je réalise que beaucoup de personnes le font. Si les gens veulent entendre des vieilles chansons, et qu'il y a de la demande, alors ce n'est pas gênant d’en jouer, du moment qu'ils aiment aussi nos nouvelles chansons! ;-)
Aaron : Et bien on nous avait déjà fait la proposition il y a 6 ans et nous ne voulions vraiment pas le faire au départ. Personne ne le faisant vraiment à l’époque, donc il n’y avait pas de réelle compréhension de la volonté du public pour un concert de ce type. Et deuxièmement, je pense qu’à l’époque nous étions revenus à des guitares très heavy et nous ne voulions pas que cela apparaisse comme une tentative de se faire de l’argent sur notre passé. Mais après la sortie de "Faith Divides Us - Death Unites Us", soit un album plus heavy que "Draconian Times", on n’avait pas l’impression qu’on devait revenir vers un son plus ancien, parce qu’en fait c’est exactement ce que nous voulions faire. Honnêtement, nous n’avons pas finalisé la décision jusqu’à ce que nous ayons répétés et joués les morceaux, ce qui nous a fait réaliser à quel point nous aimions cela, et nous avons donc dit oui.
- Dans le même état d'esprit, pensez-vous dorénavant rajouter quelques chansons rarement interprétées en live dans vos set-lists ?
Nick : Cela dépend, car les gens réclament des chansons anciennes et obscures, et si nous les jouons ils ne se calmeront jamais ! Contrairement à ce que les gens pourraient croire, la grande majorité de notre fan-base nous connaît à partir de "Icon".
Aaron : En effet nous devrions, mais ensuite des gens se plaindraient que nous n’ayons pas joué une chanson x ou y. Donc nous ne pouvons contenter tout le monde lorsque tu dois choisir parmi 100 morceaux. Mais oui, je pense que nous le ferons de temps en temps.
- Si vous deviez comparer de manière arbitraire les tournées de 1995 et de 2011, quelle idée première vous vient tous deux à l’esprit ?
Nick : Nous n’avons plus de service de restauration en tournée! Ca me manque! C’était comme si nous étions Pink Floyd.
Aaron : Les différences de coût et les traiteurs ! Lol.
- Revenons sur les clips qui ont été créés pour Draconian Times, et tout d’abord sur celui que l’on considère comme le plus marquant et peut-être le plus beau de tous les temps : Forever Failure.
Quelle fut l’idée de départ ? Aviez-vous un scénario en tête ou vous êtes-vous laissé guider par le réalisateur ?
Quelle est donc votre part de responsabilité dans les idées pour vos vidéos ?
Nick : Dave Bernard, le réalisateur, a travaillé le fait que nous apprécions l’imagerie du malheur au-delà de tout grand concept. Le fil d’une histoire peut aider pour certaines chansons, mais la vidéo de "Forever Failure" est juste constituée de visuels servant à mettre en valeur la musique. Nous ne sommes pas énormément impliqués dans nos vidéos, mais il est essentiel de trouver la bonne personne car nous savons exactement ce qui est bon ou mauvais pour le groupe.
Aaron : Les personnes auxquels nous avons fait appel à l’époque pour nos vidéos (elles en ont fait un certain nombre comme "Widow", "Embers Fire", etc…) - nous étions vraiment à l’écoute de ce que nous allions devenir après - elles avaient des idées, nous avions des idées et Music for Nations en avait aussi. Et il s’agissait donc d’un sacré mélange pour être honnête… L’essentiel pour "Forever Failure", était que nous ne voulions pas de vidéo avec une performance (le groupe en train de jouer) puisque nous en avions déjà fait quelques unes dans ce style.
- Un enregistrement vidéo avait été fait lorsque vous étiez en studio pour l'album Draconian Times : vous nous présentiez le studio de Ridge Farm, les courts de tennis, la piscine dans laquelle Steve s'est jeté pour un pari...
Vous en souvenez-vous ? Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit en revoyant ces images ? N'êtes-vous pas nostalgique de cette période ?
Nick : Une fois de plus c’était comme si nous étions Pink Floyd ! Plus personne n’a ce type de budget aujourd’hui, l’industrie musicale ayant changée. Malgré tout, ce fut très agréable de goûter à ce monde durant quelques années !
Aaron : Oui, plutôt… mais je suis vraiment du type nostalgique. Je suis celui qui conserve tous les souvenirs du groupe, etc... De très bons moments, beaucoup d’excellents souvenirs durant cet enregistrement, c’était drôle et nouveau.
- Nous allons mobiliser vos souvenirs à tous les deux.
Lors de votre concert parisien pour la tournée de Believe in Nothing (le 13 juin 2001 à la Locomotive à Paris), il s’est produit un fait relativement unique. Vous avez interprété Forever Failure, et une belle jeune femme en longue robe dorée est montée sur scène durant le morceau pour effectuer une courte danse lascive. Nick, on se souvient encore parfaitement de ton large sourire ainsi que de tes yeux écarquillés.
Vous souvenez-vous tous deux de cet épisode (car vous étiez aux premières loges) ?
Quel a été votre meilleur souvenir en live depuis vos débuts ? Et au contraire le pire ?
Nick : Désolé mais je ne m’en souviens pas, malgré tout je me souviens très bien du club de la Loco. Pour être honnête, je ne rappelle pas de grand-chose du début des années 2000. Il y a toujours des problèmes sur scène, mais j’essaie de ne plus trop m’attarder sur ça actuellement. Personne dans le public n’est intéressé de savoir si tu n’as pas mangé depuis 12 heures ou si ta femme vient de te quitter. Tu dois simplement faire avec et donner le meilleur de toi-même.
Aaron : Mince, je devais probablement fermer les yeux ou headbanguer comme je le fais habituellement… Sacre Bleu (NDLR : En français dans le texte)
C’est une réponse assez commune, mais probablement marcher sur la scène du Dynamo ’95 alors que le crépuscule s’installait, et voir 130 000-140 000 personnes lever leurs mains et applaudir. J’ai eu mon plus grand sourire de tous les temps !
… Le pire… pas beaucoup pour être honnête. Nous avons fait un concert en Ukraine devant 25 000 personnes dans la grande place de la ville, en direct à la télévision sans Greg. J’ai adapté les parties de guitare pour guitariste seul durant la semaine antérieure quand nous avons réalisé que Greg ne pouvait le faire et jouait plutôt bien en y réfléchissant bien. Mais nous n’avions pas de sound-check, pas de retours, pas de sommeil ! Et sur scène ce fut un véritable cauchemar pour s’entendre les uns les autres, mais ça s’est bien passé finalement. Mais j’ai trouvé ça pour le moins très stressant. Mais nous devions le faire et je suis le type de personne à avancer et à passer à autre chose.
- Aujourd'hui, la technologie n'est plus la même qu'à l'époque de Draconian Times (CD, DVD, Blu-ray,…).
Êtes-vous partisan de la nouvelle technologie toujours plus propre, plus parfaite, ou préférez-vous le son à l'ancienne, plus naturel ?
Avez-vous des versions vinyle de vos propres albums, par exemple ?
Nick : Il y a du pour et du contre, la technologie c’est plutôt bien, mais quand tout le monde sonne de la même manière c’est mauvais. Il est bien trop facile de reproduire des sons et cela fait sonner de manière identique beaucoup de métal moderne, ce qui est plutôt triste. Je possède toujours beaucoup de vinyles, j’ai pris l’habitude d’aimer ça et ça sonne définitivement mieux, mais avoir 500 albums sur un tout petit appareil est bien plus pratique pour voyager !
Aaron : Je suis un grand amateur de vinyle, mais tous mes albums hors Paradise Lost ont été perdus dans une inondation il y a 12-13 ans, quelle honte. Mais rien ne pouvait battre le fait de revenir à la maison avec un nouveau vinyle comme un gosse, regarder l’artwork et lire toutes les notes de la pochette et les paroles. Je pense qu’une partie de cette magie s’est perdue de nos jours quand on achète un disque, mais par contraste je suis un grand amateur de nouvelles façons d’acheter de la musique. Je pense que le CD a été surpassé depuis son origine et le téléchargement légal de la musique, et écouter de la musique en ligne a ouvert tellement de possibilités pour les artistes, c’est génial. Donc, comme beaucoup de choses dans la vie, et il y a du bon et du mauvais dans tout !
- Vous vous apprêtez à rentrer en studio en octobre prochain. Dans quel état d'esprit vous sentez-vous ?
Nick : Plutôt stressé, car je prends le travail d’écriture très au sérieux. Tellement que j’ai tendance à oublier de l’apprécier alors qu’il se déroule. Quand nous aurons finalisé toutes les chansons, alors je serais à même de me relaxer et de profiter joyeusement du processus d’enregistrement.
Aaron : Répéter et jouer intensément quelques-unes des nouvelles chansons,la création en studio, et voir le tout s’assembler est toujours magique pour moi, même après plus de 23 années
- Vous avez dit dans une récente interview que le prochain album qui sortira en mars 2012 serait proche de Symbol of Life.
Désormais, votre musique sera-t-elle toujours proche de ce que vous avez précédemment fait ou pensez-vous un jour ré-expérimenter de nouveaux sons comme à l'époque de Host ?
L’expérimentation a-t-elle pris une autre place aujourd’hui dans le groupe qu’en 1997 ?
Nick : Pour être honnête, je ne me souviens pas avoir déclaré que le nouveau matériel soit proche de Symbol Of Life, et peut-être les propos ont-ils été déformés ou cela a été dit très précocement dans le processus d’écriture. Ce n’est pas similaire à Symbol Of Life, les chansons sont assez heavy et même plus mélodiques que le dernier album.
Aaron : Je pense qu’il s’agit d’une déformation ou peut-être d’un problème de traduction, car le nouvel album constitue sa propre entité. Il y a beaucoup de variété et il sonne vraiment bien, mais je manque totalement d’objectivité. Mais c’est pourtant vrai ! La seule chose que je puisse dire concernant tout ce que nous faisons, c’est que ça sonnera comme du Paradise Lost, nous ne sommes plus assez frais pour faire autre chose ! Haha.
- Continuerez-vous, pour vos prochains albums, à garder le même schéma que par le passé, notamment avec un titre épique en dernière piste, comme Over the Madness, ou In Truth, sans parler des instrumentaux comme Deus Misereatur et Desolate qui étaient eux aussi à la fin de deux de vos albums du début ?
Nick : Impossible à dire car ça n’est jamais planifié. Cela dépend de la manière dont les chansons sonnent après avoir été enregistrées.
Aaron : On ne peut jamais deviner l’avenir, et nous n’avons jamais tenté de le faire c’est certain. Nous aimons aussi les doomesques titres mélancoliques, donc il y a toujours de la place pour plus.
- Avez-vous pensé à réorchestrer d'anciens morceaux en version orchestrale ?
Un très beau morceau avec de beaux violons, tel que Your own Reality qui s'avère être très discret, peut-il espérer un jour être réorchestré avec de véritables instruments à cordes ?
Nick : Ce serait génial, et c’est quelque chose qui est évoqué depuis que le groupe existe, mais le réaliser est vraiment une chose à part entière. Mais qui sait ce qu’il se passera dans le futur.
Aaron : Qui sait… nous avons des orchestrations sur pas mal de titres depuis des années, donc c’est tout à fait possible. Mais ce ne serait pas si inhabituel que ça je pense.
- Nous considérons que vous êtes les fondateurs du genre "métal gothique".
Quel regard portez-vous sur ses différentes expressions actuelles ?
Y a-t-il des groupes qui arrivent à attirer votre attention dans ce créneau musical?
Nick : J’aime le bon travail d’écriture, peu importe le genre. Le seul autre groupe que j’écoute de notre style est Type O Negative, et je doute que quelqu’un puisse un jour combler ce vide. Dans le parcours des nouveaux groupes, je pense que Ghost écrit de bonnes chansons me rappelant ce que j’aimais dans le métal des années 80.
Aaron : J’aime le nouveau Ghost Brigade alors que je suis en train d’écrire. Il y en a tellement d’autres, mais c’est celui que je suis en train d’écouter en ce moment même.
- Vos doutes, vos craintes, vos opinions et vos regrets sont-ils une source d'inspiration pour écrire les paroles ?
Aaron : Laissez cela pour le Maître Wordsmith, Dr Holmes (NDLR : Le Dr Wordsmith est une série télévisée américaine à visée pédagogique, ayant pour but de développer le vocabulaire des étudiants. Elle était souvent directement utilisée en classe).
Nick : Tout est une inspiration : la communication, les relations humaines, la religion, ça ne me dérangerait pas de devenir un Sataniste, Ghost m’ayant définitivement fait retourner au culte Satanique. A quoi ressemblent les heures ?
- Quel métier auriez-vous fait s'il n'y avait pas eu Paradise Lost ?
Nick : Je n’en ai absolument aucune idée, mais je me demande souvent ce qu’il se serait passé.
Aaron : J’aurai probablement poursuivi ma formation d’ingénieur (j’ai effectué l’ensemble de mon apprentissage) et joué de la musique durant mon temps libre. La musique est une passion et un hobby plus que d’être un boulot pour moi.
- Avez-vous une idée de projet dans la tête qui vous trotte et que vous gardez pour plus tard ?
En tant que groupe, quels sont vos objectifs restants ?
Nick : Des buts ? Qui sait ce qui peut se passer, tu dois vivre au jour le jour en tant que musicien et travailler dur pour rester entier. Maintenant tout de suite mon but est de faire un meilleur album que le précédent, et nous parlerons de domination du monde plus tard.
Aaron : Continuer à aimer ce que nous faisons et s’éclater ensemble entre amis.
- Tout le monde sait que le public français est le meilleur au monde (nous sommes bien entendu ironiques).
Mais que lui attribuez-vous de particulier en comparaison au reste du monde ?
Nick : Les foules changent uniquement si le public est plus jeune, car peu de personnes de plus de 30 ans font du stage-diving, peu importe la nationalité ! La France a toujours été un excellent endroit pour jouer pour Paradise Lost, nous y avons pas mal d’amis et bien évidemment la nourriture attire toujours notre attention.
Aaron : Et bien il n’y a pas de meilleur public dans le monde. J’ai fait un concert dans le hall d’une piscine en Suède au début des années 90 devant 150 personnes et c’était aussi amusant que certains plus gros concerts que nous avons fait depuis ! Il s’agit du public présent au concert et de la vibration et aucune nation ne possède ça uniformément. Par contre, j’adore terminer nos principales tournées européennes en France, en général Paris, ce qui s’est produit à plusieurs reprises. Et il s’agit toujours d’excellents concerts, donc ils ont une place toute particulière dans mon cœur. J’ai même le dernier concert de la tournée de "Faith Divides..." à Paris et c’était l’anniversaire de mes 40 ans, tellement spécial et plein de souvenirs aussi
- Pour finir, y a-t-il une question que l'on ne vous a jamais posée et à laquelle vous souhaiteriez répondre ?
Nick : Pas vraiment, trop souvent tout a déjà été révélé !
Aaron : Question : "Aaron, aimerais-tu rencontrer Ennio Morricone?"
Réponse : "Oui, s’il-vous-plait !"
Merci à tous deux pour cette interview, et bon courage pour l'enregistrement du prochain album.
Rendez-vous prochainement en tournée…
Nick : Merci ! (NDLR : En français dans le texte)
Kirhel, Vlad et Lorelai pour Paradise Lost France.