Paradise Lost France
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Greg Mackintosh

3 participants

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1Greg Mackintosh Empty Greg Mackintosh Ven 10 Juil 2015, 6:33 am

Babet



Interview  
Paradise Lost : la mort dans l’âme

vendredi, 22 mai 2015 à 14:37

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Greg Mackintosh - Paradise LostIl y a seulement quelques mois, nous avions déjà largement discuté avec le chanteur Nick Holmes de ce surprenant retour au chant death metal – ce qu’il n’avait pas fait depuis près de 25 ans – et son implication dans Bloodbath. Il était donc intéressant cette fois-ci, à quelques semaines de la sortie de The Plague Within, le nouvel album de Paradise Lost qui voit le chanteur poursuivre sur sa lancée et mélanger les styles vocaux, d’avoir le regard de son collègue guitariste et compositeur principal Greg Mackintosh sur ce nouveau revirement dans l’histoire du groupe. Et ce que Holmes s’était bien gardé de nous dire et que nous révèle aujourd’hui Mackintosh, c’est à quel point il a fallu user de force de persuasion – autant dans Paradise Lost que Bloodbath – pour convaincre le chanteur de retrouver l’adolescent qui éructait sur Lost Paradise en 1990 !

Mackintosh lui était convaincu. Convaincu qu’il y avait de nouvelles choses à explorer vocalement, mais convaincu aussi qu’il était temps de changer à nouveau après une série d’albums suivant une ligne musicale similaire. Car tout dans The Plague Within ne se résume pas au retour du chant death metal. Et c’est dans l’expérimentation que le guitariste nous avoue trouver son épanouissement, comme ils avaient déjà pu le faire par le passé, notamment avec un album comme Host (1999) qui avait pu surprendre par son parti pris électro et pop. Mackintosh nous parle donc de cet état d’esprit qui a mené à cette nouvelle réussite artistique d’un groupe qui maîtrise jusqu’au bout des ongles son art et son son.



« Je n’ai jamais aimé les groupes de death metal qui utilisaient ne serait-ce qu’un peu de chant clair [petits rires], ce qui est étrange, je sais ! »

La grande nouveauté du nouvel album The Plague Within, c’est le retour des éléments death metal dans la musique, tout particulièrement le chant death metal de Nick Holmes. En novembre dernier Nick nous a dit que le réenregistrement d’ « Our Savior » sur l’album de rareté de 2013 avait en quelque sorte été le point de départ pour faire un album de Paradise Lost avec des touches plus death metal. Mais peux-tu nous en dire plus sur le processus de réflexion qui a amené à The Plague Within et ces éléments ?

Greg Mackintosh (guitare) : C’est en fait quelque chose que nous avons défini avant même d’avoir écrit ne serait-ce qu’une chanson pour l’album. J’ai dit que je voulais faire un album qui n’aurait vraiment aucune limite, avec lequel nous n’aurions pas peur de nous laisser influencer par notre carrière toute entière, même les très vieux trucs. Je ne voulais pas faire un autre Tragic Idol ou Faith Divides Us. Autant j’aime ces albums, autant j’ai dit que je voulais faire quelque chose d’un peu plus intéressant, qui fasse preuve de plus de diversité. Au départ, Nick avait un peu d’appréhension avec les vocaux death, mais j’ai simplement dit : « Je t’envoie des bouts de musique, tu essaies différentes lignes de chant par-dessus, de la voix death metal, de la voix claire, de la voix gothique, peu importe, et ensuite tu me renvoies ça et je commencerais à construire les chansons, comme des cubes de construction, avec ces parties de chant. » Crois-moi, il a fallu de la persuasion ! Il ne voulait pas vraiment le faire au début ! J’ai juste dit : « S’il te plaît, essaie ! Et nous verrons ce que ça donne. » Il n’était donc pas très enthousiaste au départ mais une fois qu’il s’est rendu compte qu’il était toujours capable de le faire, que je pouvais intégrer ça aux chansons et faire en sorte que ça sonne contemporain, et pas comme si nous essayions d’être à nouveau un groupe de death metal, je pense qu’il a mieux compris. Et le reste du groupe aussi a aidé à convaincre Nick de le faire. Je parlais à Steve [Edmondson], notre bassiste : « Il faut que nous nous saisissions de chaque élément de notre passé et il faut convaincre Nick ! » Et nous l’avons fait ! [Petits rires] L’album aurait pu devenir tout à fait autre chose mais il est devenu ce qu’il est devenu et nous sommes très heureux du résultat. C’est un peu inattendu, sur certaines parties, pour certaines personnes, mais je pense aussi que tu peux reconnaître que c’est vraiment un album de Paradise Lost.

Est-ce que tout le monde dans le groupe était enthousiaste par rapport à cette direction ?

Il étaient enthousiastes quant au fait que nous devions faire quelque chose de différent, que nous ne devions pas jouer la carte de la sécurité, que nous devions faire tout ce que nous avions envie de faire. Le côté chant death metal n’est qu’un élément de ceci. Je veux dire qu’il y a quelques éléments électroniques là-dedans, il y a des trucs orchestraux, il y a une chanson qui est plus rapide que tout ce que nous avons fait avant, je pense. Nous avons donc décidé de repousser un peu les limites cette fois-ci et ne pas faire quelque chose de conventionnel.

Lorsque Tragic Idol est sorti, Nick avait reconnu à l’époque que vous n’aviez pas expérimenté depuis un moment et que vous en aviez justement parlé tous les deux. Du coup, est-ce que ça faisait longtemps que tu ressentais ce besoin de ramener de nouvelles choses avec lesquelles expérimenter ?

Ouais, je pense que l’expérimentation est la clef de beaucoup de choses. Je veux dire que je ne serais pas heureux dans un groupe, quel qu’il soit, s’il n’y avait pas d’expérimentation. Pour moi, pour faire ça pendant si longtemps, il faut être épanouis dans ce que tu fais, et être épanouis, pour moi, ça signifie essayer différentes choses. Tu pourrais te contenter de toutes tes influences naturelles, mais il est bon de s’en éloigner et d’essayer d’autres choses aussi. C’est ce qui maintient mon intérêt dans ce que je fais.

C’est amusant parce que toi et Nick avez désormais tous les deux votre propre groupe de death metal suédois de la vieille école, respectivement Vallenfyre et Bloodbath. Qu’as-tu pensé lorsque tu as appris que Nick allait chanter dans Bloodbath ?

Je le sais depuis un bon moment parce qu’ils ont essayé de lui faire faire le chant dans Bloodbath pendant à peu près deux ans, et il n’arrêtait pas de dire non parce qu’il ne voulait pas. Et ensuite, il a fini par céder [petits rires] et le faire. Donc, ouais, j’étais au courant depuis longtemps et je trouve qu’il fait un super boulot ! A mon avis, c’est sans doute le meilleur album de Bloodbath ! Mais je fais Vallenfyre depuis 2010, donc ce n’est pas quelque chose de complètement nouveau pour nous. Ces influences auraient pu s’immiscer dans notre musique plus tôt mais peut-être que nous ne nous sentions pas prêts ou que nous n’avions pas encore l’assurance nécessaire pour le faire.

Dirais-tu que le fait de l’avoir convaincu de remettre des éléments death metal dans Paradise Lost l’a poussé à finalement accepter l’offre de Bloodbath ?

Je pense que c’était à peu près à la même époque, donc ouais, c’est possible parce qu’il a commencé à faire du death metal dans Paradise Lost en premier et il a ensuite rejoint Bloodbath. Donc ouais, c’est possible. Je ne peux pas dire avec certitude mais je pense que c’était un facteur.

Puisque tu chantes dans Vallenfyre, as-tu pensé partager certaines parties de chant sur The Plague Within ?

Non, pas vraiment parce que j’aime garder une séparation entre Vallenfyre et Paradise Lost, de manière à avoir une idée claire de quelle musique devrait être Paradise Lost et quelle musique devrait être Vallenfyre. Je ne voulais pas que cette ligne devienne floue, si tu vois ce que je veux dire. Si [Vallenfyre] a permis quoi que ce soit, c’est peut-être de nous avoir donné l’assurance d’aborder ces influences à nouveau. Mais globalement, j’aime garder Vallenfyre et Paradise Lost bien distincts.

D’ailleurs Nick nous avait dit que tu lui avais demandé de chanter dans Vallenfyre…

C’est vrai ! Il était la première personne à qui j’ai demandé ! Ouais.

Et donc, du coup, penses-tu avec le recul que ça aurait été une mauvaise idée ?

Je ne sais pas ! Il a refusé parce qu’il ne voulait absolument plus faire de chant death metal ! [Rires] C’est donc un peu ironique. Je me souviens lui avoir demandé en 2010 et à l’époque, faire des voix death metal ne l’intéressait pas du tout. Ensuite, j’ai demandé à quelques autres personnes également et je me suis retrouvé à m’en charger moi-même parce que je ne trouvais personne dont j’aimais la voix !

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Paradise Lost - The Plague Within

« C’est comme si les gens se contentaient d’essayer de jouer plus vite, ou plus technique, plus heavy, peu importe, mais en passant à côté de l’objectif qui est d’avoir une individualité et une sorte d’accroche dans la chanson. »

Le doom death est le style avec lequel Paradise Lost a commencé. Du coup, est-ce que Paradise Lost est en train de boucler la boucler avec The Plague Within ou bien as-tu quand même le sentiment d’aller de l’avant ?

Un peu des deux. J’ai clairement le sentiment que nous allons de l’avant parce qu’il y a des choses très expérimentales sur l’album aussi, c’est un album très varié. Evidemment, nous n’avons pas fait de death metal depuis très longtemps, c’est ce sur quoi les gens se raccrochent et disent : « Pourquoi est-ce que vous êtes à nouveau devenus death metal ? » Mais ce n’est pas du tout un album de death metal. C’est juste qu’il y a une part de chant death metal dessus. Lorsque nous en sommes à écrire un nouvel album, nous essayons d’imaginer que nous n’avons aucune histoire, que nous sommes un tout nouveau groupe, et ce que nous ferions pour un premier album, ce dans quoi nous serions à cent pour cent aujourd’hui. Nous essayons de faire ça à chaque fois et parfois ça réussit plus que d’autres fois. Je pense qu’avec cet album nous avons clairement jeté quelques regards en arrière aux tout premiers jours de Paradise Lost, d’une manière affectueuse et tout en allant de l’avant. Je crois simplement que nous embrassons chaque époque de notre évolution et c’est quelque chose que nous n’avons pas fait depuis très longtemps, depuis l’album Gothic. Nous regardons tendrement le passé mais en avançant. Il est justifié de parler de boucler la boucle mais rien de ce que nous ayons jamais fait a été planifié. Nous ne planifions jamais rien. Si maintenant tu regardes avec du recul, il est facile de dessiner une courbe et appeler ça une sorte d’évolution mais à l’époque, rien n’était planifié. C’était des instantanés de nos vies. Et je pense que nous avons simplement grandi, nous avons expérimenté, et nous continuons d’expérimenter mais nous apprenons aussi à nous saisir de notre histoire, et à apprécier notre histoire pour ce qu’elle est.

Tu as dit qu’avec cet album vous embrassez chaque époque de votre évolution, mais penses-tu qu’il y a même certains éléments de l’album Host, par exemple, qui pourtant pourrait facilement être considéré comme un opposé à The Plague within ?

Lorsque nous avons écrit The Plague Within, nous avions comme deux téraoctets de disques durs remplis de musiques que nous n’avons pas utilisées pour The Plague Within, et il y a des éléments électroniques là-dedans. Lorsque nous avons écrit l’album, le truc du « aucune limite » voulait vraiment dire aucune limite. [C’est pourquoi je dis que] The Plague Within aurait pu devenir un album très différent. Il se trouve juste qu’il a pris ce tournant. Je n’écarterais donc jamais un type d’influence, quelle qu’elle soit, pour notre musique.

Est-ce que ça veut dire que vous avez déjà l’équivalent d’un album de prêt pour le futur ?

Non, ça veut dire que nous avons beaucoup de musiques que nous estimions ne pas être assez bonnes. Nous sommes très critiques envers nous-mêmes. Toute cette musique que nous avons, je pense qu’à l’époque nous considérions simplement qu’elle ne collait pas.

Comme tu l’as sous-entendu, Nick chante toujours à peu près la moitié de l’album en chant clair. Penses-tu que le fait de mélanger le chant death metal et le chant clair a ouvert l’éventail émotionnel du groupe ? Il y a tout de même une sacrée diversité vocale à travers l’album…

Tu sais, personnellement, je n’ai jamais aimé les groupes de death metal qui utilisaient ne serait-ce qu’un peu de chant clair [petits rires], ce qui est étrange, je sais ! Mais je crois qu’ici, ce n’est pas forcé. La majorité du death metal proposant de la voix claire que j’ai entendu, c’était un truc du type question/réponse, ce qui sonne un peu forcé. Je crois que ce que nous essayons de faire ici, c’est de simplement mélanger les styles vocaux et rendre ça aussi naturel que possible, faire en sorte de donner l’impression que rien ne pourrait se passer en dehors de ce qui se passe. C’est même, pour ainsi dire, le premier album avec des voix death metal et claires que je me retrouve à aimer !

Sur le refrain de la chanson « An Eternity Of Lies », on peut entendre un chant féminin. Qui est-ce ?

C’est Heather Thompson du groupe Tapping The Vein. Nous avons tourné avec eux il y a de ça des années et elle a chanté sur quelques-uns de nos albums par le passé.

Est-ce que le fait de jouer une musique plus orientée doom death metal avec Nick chantant avec sa voix death a fait remonter des souvenirs des premières années, particulièrement avec une chanson comme « Beneath Broken Earth » qui est très doom ?

Ouais, c’était super ! Je veux dire que c’est étrange qu’une chanson comme « Beneath Broken Earth » soit cette chanson lente et ultra dépressive qui s’étend sur six minutes et demie ou peu importe, alors que lorsque nous l’avons enregistrée, nous avions tous de grands sourires sur nos visages ! [Petits rires] C’était une de ces choses qui te font te sentir… Ouais, il y avait clairement un côté rétro à nos yeux.

Comment comparerais-tu d’ailleurs le Paradise Lost qui a fait les albums Lost Paradise et Gothic et celui qui vingt-cinq ans plus tard a fait The Plague Within ?

Je dirais que nous sommes bien plus à l’aise dans notre peau. Ces premières années du groupe étaient très amusantes mais je pense que parfois nous nous prenions trop au sérieux. En vieillissant, tu apprends à ne pas faire ça. Je pense [aussi que nos paroles] sont devenues plus réfléchies. Lorsque nous avons commencé au tout début à chanter ces choses, c’était sous une perspective un peu plus naïve. Désormais il y a un brin de réflexion supplémentaire. En vieillissant, tu deviens davantage conscient de ta mortalité, peut-être en voyant des gens que tu connais mourir et ce genre de choses. C’est plus méditatif, si tu vois ce que je veux dire, c’est plus réfléchi aujourd’hui que ça l’était au début.

Il n’y a aucune chanson intitulée The Plague Within. Quel est donc ce fléau (NDT : traduction de « plague »), et est-ce que tu as l’impression d’avoir un fléau en toi ?

L’idée initiale pour ça vient d’une lutte que tu aurais en toi, peut-être une maladie mentale ou simplement être mal dans ta peau. C’est de là qu’est venue l’idée et ensuite, à partir de là, nous l’avons développée. J’ai effectivement [le sentiment d’avoir un fléau en moi], je suis sous traitement depuis que je suis gamin ! [Petits rires] Mais ça, c’est juste moi personnellement. Nous chantons à propos de divers aspects et d’autres choses de ce genre. Nous n’essayons pas de concerner quelqu’un ou une détresse en particulier.

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Paradise Lost 2015

« Les groupes devraient en premier lieu tester des ingénieurs et essayer de produire les choses par eux-mêmes. […] Les groupes devraient avoir plus foi en eux et en leur propre son parce que les gens veulent entendre le son de leur groupe, pas le son d’un producteur. »

Avec les chansons « An Eternity Of Lies », « Punishement Through Time » et « Victim Of The Past », cela fait trois chansons directement liées au temps. Est-ce que dans le groupe vous percevez à ce point le temps comme étant un fardeau ?

Je trouve le temps terrifiant. Je n’ai pas peur de la mort, par contre je trouve difficile de saisir le futur. Je suis très heureux lorsque je vis au présent mais si j’essaie de penser au-delà de quelques semaines, j’ai du mal à me projeter. J’ai toujours été ainsi. Je ne suis pas le genre de personne qui planifie. Je trouve qu’il est difficile de planifier pour l’avenir parce qu’on ne sait pas ce qui nous attend.

The Plague Within sonne certainement comme l’un de vos albums les plus mélancoliques et dépressifs à ce jour. L’album commence même avec une affirmation radicale : « Aucun espoir en vue » (NDT : traduction de « No Hope In Sight »), et de nombreuses chansons ont ce rapport explicite à la douleur. Puisque la plupart des paroles dans Paradise Lost sont écrites par Nick, n’as-tu jamais été inquiet pour lui en lisant certaines des paroles vraiment dépressives qu’il écrit ?

Non, pas vraiment parce que je sais que c’est juste un exutoire pour lui. Il écrit à propos de ce genre de choses mais, pour autant, c’est l’un des mecs les plus drôles que j’ai jamais rencontré ! Donc je suppose que c’est une bonne chose que de pouvoir écrire à propos de ces sujets, comme ça, ensuite, tu n’as plus à y penser. Il a un super sens de l’humour, et il est aussi très grognon. Tout le monde a différents côtés dans sa personnalité, je pense, et il ne fait pas exception. Il n’y a pas une personne qui soit complètement déprimée ou autre, c’est juste que je vois ça comme un exutoire pour la créativité. Une grand partie des meilleures œuvres d’art qui ont jamais été faites ont été faites par des gens qui exprimaient la part la plus sombre de leur vie et c’est ce que je trouve être le plus inspirant.

Même si l’album est très sombre, la dernière chanson s’appelle tout de même « Return To The Sun » (NDT : « retour au soleil »). Est-ce en réaction à la chanson d’ouverture « No Hope In Sight », pour dire que même s’il semble n’y avoir aucun espoir, on finira toujours par voir de la lumière au bout du tunnel ?

Il y a un peu de ça. Ouais, c’est un album très dépressif sur certains aspects, mais je pense que même dans la majorité des chansons il y a un brin d’espoir. Et c’est là pour essayer de créer un contraste parce que si c’est complètement déprimé, alors tu ne peux pas avoir de jeux d’ombres et de lumières dans ta musique… Je veux dire que mon travail avec Vallenfyre est bien plus négatif, il n’y a vraiment aucun espoir dans Vallenfyre, alors que dans Paradise Lost il y a des soupçons d’espoir, des filets de lumière qui passent à travers, ce qui aide à créer une palette plus colorée.

Et dirais-tu que, dans cet album, l’espoir peut être matérialisé par le chant clair par rapport au chant death ?

Non, je ne dirais pas ça parce que certaines des parties chantées en voix clair sont très, très dépressives [petits rires]. Je dirais que ça se retrouve davantage dans des tournures de phrases, dans certaines parties de la musique où tu peux ressentir un léger sentiment de triomphe, si tu vois ce que je veux dire.

« Terminal » est totalement chanté en voix death et pourtant c’est une chanson extrêmement entraînante avec un solide refrain. Est-ce important de toujours garder ce côté accrocheur dans votre musique ?

Je pense que dans n’importe quelle musique il est important d’avoir une accroche de quelque sorte que ce soit. Ça n’a pas à être totalement entraînant mais qu’il y ait une sorte d’accroche. Même si tu écoutes le premier album de Napalm Death, il y a des accroches là-dedans. Je trouve qu’une grande part de ceci a été perdue dans beaucoup de musiques extrêmes de nos jours. C’est comme si les gens se contentaient d’essayer de jouer plus vite, ou plus technique, plus heavy, peu importe, mais en passant à côté de l’objectif qui est d’avoir une individualité et une sorte d’accroche dans la chanson. Donc pour nous, c’est très important d’avoir cette accroche qui t’attire dans la chanson.

Généralement, dans Paradise Lost, tu écris la musique et Nick écrit les paroles, et les deux collent à la perfection. Comment y parvenez-vous ? Avez-vous des habitudes de travail particulières ?

Ouais, un peu. Je veux dire que ce n’est pas aussi facile que ça en donne l’impression [petits rires]. Pour une bonne part on essaie de s’accorder sur les choses. Parfois nous ne sommes pas d’accord et nous devons essayer de résoudre le différend. Sur cet album en particulier, c’était plus facile parce que nous avons dit que nous n’allions pas pinailler sur la musique et les paroles, que nous allions juste essayer les choses et construire ainsi les chansons ensemble. Ce nouvel album était en fait l’un des plus faciles à écrire depuis longtemps.

Votre album précédent et quelques autres par le passé (In Requiem, Paradise Lost) ont été enregistrés au Chapel Studios dans le Lincolnshire, un très joli studio dans la campagne, alors que cette fois-ci vous êtes allés à Londres au Orgone Studio. Pourquoi ce changement d’environnement ?

Eh bien, pour deux raisons, vraiment. La première, c’est parce que nous avons décidé de travailler avec Jaime Gomez Arellano en tant que producteur et c’est son studio qui est situé à Londres. Nous y avons été parce qu’il a plein de matériel vraiment sympas là-bas, comme des vieux amplis vintage, des kits de batteries sympas et tout. Et il aime expérimenter, tout comme nous. C’était donc l’une des raisons. L’autre raison, c’est que la chapelle n’avait qu’un pub à proximité et c’était tout, et ce pub est maintenant fermé. Du coup il n’y avait plus de pub où se rendre ! [Petits rires]


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Paradise Lost 2015

« La seule différence entre nous et peut-être d’autres gens – je ne sais pas si c’est vrai, mais c’est ce que je pense – c’est peut-être que les gens peuvent voir que nous n’essayons pas de faire quoi que ce soit de malhonnête. »

Et pourquoi avoir choisi de travailler spécifiquement avec Jaime Gomez Arellano ? Ce n’est pas quelqu’un de très connu encore en tant que producteur…

Non mais les choses qu’il a faites, si tu écoutes ses anciens enregistrements, c’est très, très varié. Pas un album ne sonne comme l’autre, de près ou de loin. Et la musique metal moderne lorsque tout sonne exactement pareil m’ennuie profondément. Nous voulions donc quelqu’un qui capterait simplement le son du groupe et serait ouvert à l’expérimentation. Et nous avons eu le sentiment, en écoutant ses travaux passés, qu’il était le genre de mec qui faisait ça. Je suis très enthousiaste à l’idée d’essayer différentes choses, et lui aussi. Certains producteurs veulent juste cocher des croix sur un tableau, genre : « On a fini ceci, on a fini cela. » Mais Jaime et moi sommes très semblables, il peut passer trois heures à essayer de trouver un son de guitare et ensuite se dire qu’en fait, rien de tout ce qu’on a essayé ne marche, alors essayons de faire quelque chose de totalement différent. J’aime pouvoir faire ça. Ça rend l’album plus intéressant je trouve.

C’est vrai que dans le metal on voit toujours les mêmes producteurs et studios…

C’est pour ça que ça devient ennuyeux, je trouve !

Penses-tu que les groupes devraient essayer de nouveaux producteurs comme Jaime ?

Je pense que les groupes devraient en premier lieu tester des ingénieurs et essayer de produire les choses par eux-mêmes. Alors ils pourraient capturer le son de leur propre groupe. Je veux dire que lorsque nous avons commencé à enregistrer cet album, Jaime n’était que l’ingénieur, nous ne voulions pas de producteur mais il a travaillé tellement dur dessus que nous lui avons accordé des crédits de production. J’estime que les groupes devraient avoir plus foi en eux et en leur propre son parce que les gens veulent entendre le son de leur groupe, pas le son d’un producteur.

Peut-être qu’ils n’ont pas assez confiance en eux-mêmes ou les capacités techniques pour le faire…

Ouais mais si tu as un ingénieur correct, il n’y a aucune raison pour ne pas être capable d’atteindre de bons résultats. En plus, de nos jours bien trop d’importance est accordée à la perfection dans les enregistrements, et la perfection, à mes yeux, c’est ennuyeux. Les gens devraient s’agripper à leurs imperfections et leurs propres idées, ça rend la scène musicale bien plus variée et intéressante.

Habituellement les parties de chant étaient enregistrées à part dans un autre studio. Mais on dirait que cette fois-ci vous avez tout fait dans le même studio…

Ouais, nous avons tout fait ensemble. Nous étions tous là, tu vois, j’enregistrais des parties de guitares et ensuite Nick y allait et enregistrait des parties de chant, et nous faisions du découpage et des réagencements… Ouais, c’était bien que nous soyons tous là, à partager des jugements et commenter ce qu’il se passait au moment où ça se passait. Je pense que j’avais oublié comme il était important de rebondir sur ce que disent ou font les uns et les autres en studio.

Si on compare The Plague Within à l’album Host sorti il y a de ça seize ans, c’est remarquable à quel point les deux albums sont différents, presque comme des opposés comme je le disais plus tôt, et pourtant les deux sonnent incontestablement comme du Paradise Lost. Comment est-ce possible ? Quelles constantes font que Paradise Lost sonne toujours comme Paradise Lost, peu importe la direction musicale ?

Je pense que c’est sans doute les mélodies, la manière dont nous travaillions les mélodies dans les chansons, et puis nous sommes toujours les mêmes personnes qui jouent les mêmes instruments. Nous pouvons nous diversifier autant que nous le voulons mais je ne peux jamais changer le son de mon jeu de guitare, et Nick a un certain style vocal et nous avons une manière particulière d’assembler des mélodies. Peu importe le style de musique que nous faisons, c’est toujours reconnaissable, ce qui est une bonne chose, j’imagine. Peut-être que si tu m’avais demandé ça il y a quelques années, j’aurais dit : « Nous essayons d’aller vers cette ou cette direction. » Mais désormais, nous acceptons [qui nous sommes], tu sais.

D’autres groupes ont changé de direction musicale par le passé et ont reçu énormément de critiques pour ça, je pense évidemment à des groupes comme Metallica ou Megadeth. Mais on dirait que vous, vous n’êtes jamais critiqués pour vos changements…

Oh non, c’est clair que nous avons reçu des critiques avec les années. Je pense que la seule différence entre nous et peut-être d’autres gens – je ne sais pas si c’est vrai, mais c’est ce que je pense – c’est peut-être que les gens peuvent voir que nous n’essayons pas de faire quoi que ce soit de malhonnête. Nous ne faisons rien pour des raisons autres qu’essayer d’entretenir notre intérêt dans ce que nous faisons, et essayer de faire quelque chose qui nous semble neuf. Je crois que parfois, lorsque les gens changent de direction, c’est peut-être pour de mauvaises raisons. C’est tout ce que je peux dire. C’est tout ce qui me traverse l’esprit, en tout cas.

Penses-tu que Metallica a changé pour de mauvaises raisons ?

Ce n’est pas à moi de le dire ! Je ne sais pas pourquoi ils ont changé de direction. Mais si tu fais ça depuis longtemps, tu dois changer de style de temps en temps et essayer des choses, autrement ça devient ennuyeux.

Penses-tu que vous ayez justement acquis votre liberté en changeant de temps en temps votre direction musicale ?

Je ne sais pas si nous avons acquis quoi que ce soit. Je crois juste que nous avons toujours fait notre propre truc, sans trop prendre en compte les tendances. En fait, c’est même sûrement l’inverse : en général, lorsque les gens font un truc, nous faisons l’inverse et parfois ça nous profite et parfois non. Parfois nous sommes notre propre pire ennemi, mais au moins, je pense que nous sommes perçus comme étant honnêtes.

Crois-tu que vous pourriez ou que vous allez aller plus loin dans cette direction ? Crois-tu que vous garderez pendant un petit moment le chant death metal ?

Nous n’en avons aucune idée ! Nous pourrions faire quelque chose de complètement différent la prochaine fois. Qui sait ? Je veux dire, parle-moi dans trois ans, il se peut que j’ai des idées totalement différentes !

Et penses-tu que The Plague Within vous motivera à déterrer de vieilles chansons que vous n’avez pas joué depuis longtemps sur la future tournée ?

Qui sait ? Je veux dire que nous l’avons fait sur notre dernière tournée. Nous avons commencé à jouer de vieilles chansons des premiers albums que nous n’avions pas joués depuis longtemps. Nous avons joué un morceau de notre premier album que nous n’avions pas joué depuis, je ne sais pas, vingt ans. Et effectivement ça permet de maintenir un intérêt en tant que groupe d’inclure différentes chansons dans le set de temps en temps. Donc j’imagine que nous nous pencherons là-dessus lorsque nous commencerons les répétitions pour la tournée, ouais.

As-tu des plans pour le futur avec Vallenfyre ?

Je reviens tout juste d’Amérique, en fait. Nous venons d’y faire une tournée de trois semaines, et nous avons aussi quelques festivals à faire, et on vient de me demander d’aller en Islande et j’ai vraiment hâte parce que j’ai toujours voulu aller là-bas. Et ensuite, qui sait ? Nous n’avons pas prévu d’enregistrer quoi que ce soit d’autre mais nous verrons.

Interview réalisée par téléphone le 24 mars 2015

2Greg Mackintosh Empty Re: Greg Mackintosh Ven 10 Juil 2015, 11:18 am

Kirhel

Kirhel

Merci à toi, Babet, pour ce partage ! C'est une excellente interview ! Twisted Evil

3Greg Mackintosh Empty Re: Greg Mackintosh Ven 10 Juil 2015, 3:34 pm

ash & debris

ash & debris

merci pour la traduction! Very Happy

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