Vlad Tepes a écrit:Je me disais bien avec ton avatar... Et bien figures-toi qu'il s'agissait de mon fief il y a dix ans en arrière, quand j'étais à la fac à Paris. J'y passais très souvent le week-end, à errer des après-midi entières. La semaine il m'arrivait même d'y faire quelques escapades entre deux cours, histoire de me ressourcer.
Vlad Tepes a écrit:j'adore cet endroit car il parait totalement coupé du monde, et en son sein on n'a plus du tout le sentiment d'être dans une capitale.
Hon-hon, ce n'était donc pas un hasard que tu me parles de la plus grande nécropole de Paris intra-muros. Tu es un sacré filou, Vlad ; décidément, il est de plus intéressant de parler avec toi (non, ce n'est pas une déclaration... argh !!!!) Parlons peu, parlons bien : je comprends tout-à-fait ton sentiment de te sentir coupé du monde au Père Lachaise. Il est vrai que ce cimetière est un lieu qui nous permet de nous retrouver dans une bulle située dans un autre espace-temps, comme si nous n'étions effectivement plus à Paris, mais ailleurs. Je sais à quel point il est bon de se ressourcer, de s'asseoir sur un banc, de guetter les chats et les oiseaux, de laisser le vent nous caresser le visage ou de fermer les yeux pour mieux se repaître du bruissement des marronniers et des ormes (au passage, je me souviens qu'il semble que le Père Lachaise soit aussi vieux que l'Elysée Montmartre, si mes souvenirs sont bons. D'ici à y donner un concert...). Particulièrement intéressant aussi, mais non moins déprimant souvent, de s'intéresser aux stèles et de voir en quelques lignes la preuve de vies brisées, de familles déchirées, de destins dont le terme ne peut que se teindre des couleurs des tragédies. Particulièrement agréable aussi de porter attention aux statues : anges, dormeuses, pleureuses, douleurs, gisants, qui quémandient aux passants un tant soit peu d'une attention trop souvent refusée, et qui pourtant, pour être des œuvres d'art qui attestent de vies réelles dont elles veillent sur le repos, devraient avoir davantage de considération qu'un regard désintéressé. Caresser du bout d'un doigt la courbe d'une hanche, panser les plaies d'un soldat de bronze blessé, s'apitoyer sur le Christ gisant (ce n'est pas une question de religion -je suis athée-, mais une question de respect pour l'Art et l'artiste) ou épousseter une femme éplorée recouverte de feuilles écarlates afin de favoriser le repos des âmes qu'elles protègent, la pierre dans laquelle a été taillée ces formes humanoïdes atypiques, ces visages singuliers, le bronze qui a donné une scène touchante... Barbedienne, Marius-Ramus, Boucher... de nombreux sculpteurs et fondeurs sont passés par là, et leur esprit y restera encore longtemps... À jamais.
Désolé, il ne faut pas me parler du Père Lachaise, car je pourrais m'étaler dessus pendant "des heures" (ce n'est pas une hyperbole !)
Vlad Tepes a écrit:Sans trop m'étaler sur le sujet
Je crois que tu as de la marge !
Vlad Tepes a écrit:la seule chose que je regrette, c'est qu'il y ait autant de touristes qui polluent le lieu avec leur présence, parlant fort comme s'il s'agissait d'un café du commerce!!! Un cimetière est un lieu de recueillement, et donc on ferme bien gentiment sa gueule (comme à un concert entre les morceaux!). Coup de gueule passé : je me sens mieux tiens!!
C'est vrai qu'ils sont nombreux à polluer cet endroit, mais ce ne sont pas les seuls ; les parisiens eux-mêmes s'en donnent à cœur-joie pour briser le silence (NDLR : amusant de voir que Silent est un morceau où Nick hurle dès les premières secondes !) de cet endroit saint. Mais pour moi, un cimetière est également un lieu de culture, une sorte de musée extérieur ; quand on voit des arbres centenaires (4000 arbres sur les 44 hectares de la nécropole) dont ce frêne commun de 1849, et des hêtres, des chênes, des mancenilliers, des noyers d'Afrique, etc, ainsi que les pavés qui sont chers au patrimoine de la capitale, et les statues elles-mêmes, on ne peut décemment ignorer le côté historique et artistique du cimetière. Je me souviens qu'un jour, alors que j'étais dans la division n°93 et époussetais une dormeuse avant de faire quelques photos, une dame qui passait près de moi m'a regardé de travers. Je la voyais dans mon champ de vision et ne la regardais pas directement ; mais dès l'instant où je plongeai mes yeux dans les siens, elle détourna la tête, manifestement un peu affolée, et s'en alla rejoindre son mari en marmonnant d'inaudibles borborygmes que je ne tentai pas de comprendre. Je me demandai néanmoins pour quelle raison cette quinquagénaire apparente avait semblé s'offusquer de me voir prendre soin de cette tombe et de la statue qui faisait corps avec elle. Les gens sont cons... Une autre expérience où une vieille dame lavait la tombe de son défunt dans la division n°2, au sud de la nécropole, et moi, j'arrangeais un petit jardin de fleurs derrière lequel une femme sculptée dans la pierre, assise devant la porte d'un caveau, trônait. Nous bavardâmes une petite demi-heure et elle m'expliqua que si je voulais du matériel de nettoyage, je pouvais demander à l'accueil dont elle m'indiqua la direction. Nous devisâmes du passé, du poids des années, de la disparition d'un être cher. C'était un moment fort ; je crois que nous avions tous les deux l'impression de partager un moment privilégier, intime, et de donner un peu de nous-même à l'autre. Nous avions néanmoins conclu sur des notes positives en philosophant : "la vie doit continuer, et nos défunts, eux, vivent encore à travers nous..." Je n'oublierai jamais cette vieille dame, bien loin des touristes et des autres parisiens qui polluent le décorum de ce lieu sacré.
Vlad Tepes a écrit:A l'époque, j'adore m'écouter Reflection étrangement, sous la pluie. Mais bon beaucoup d'autres groupes trouvaient grâce à mes oreilles, principalement Type O Negative et Cradle.
Dans tout ce qui approche d'une musique lyrique, proche du classique et de l'opéra, utilisant des instruments acoustiques comme les violons, les clavecins, les orgues et les pianos, mais jouxtant avec les guitares électriques, les grosses basses et les batteries imposantes sur des voies sépulcrales, claires ou sopranes, il est très faciles de caler une atmosphère sur un lieu empreint de religion, de mysticisme, d'histoire et orné de créations artistiques. Type O'Negative et Cradle of Filth en font, à mon sens aussi, partie intégrante.
Vlad Tepes a écrit:D'ailleurs, je me prosterne à chaque fois devant une certaine statue que je qualifie de cradelienne : vois-tu de laquelle je parle?
J'aurais de prime abord opté pour une statue d'ange, mais je n'en suis pas sûr. En outre, toutes mes photos d'anges du cimetière du Père Lachaise sont passées de vie à trépas par inadvertance, lors d'un formatage. Comme je connais mieux les statues que Cradle, et que le courant cradelien, je suis certain de me tromper, mais j'opterais pour celle-ci :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Vlad Tepes a écrit:C'est exactement ce que je pense. Mon réflexion avait débutée grâce à une ex qui à l'époque faisait un cursus d'histoire de l'art, et nos points de vue étaient tellement divergents sur certaines œuvres que je me suis dit que je préférais rester profane. Mais parfois la tentation de connaitre l'envers du décor est pressante. Mais ce qui me refroidit est de ne plus ressentir Forever failure de la même manière, et ça c'est hors de question!
Tiens, c'est marrant ; j'ai connu une ex (2002-2005) qui faisait également un cursus d'histoire de l'Art, et elle avait soulevé beaucoup de question sur les problèmes de restauration des œuvres ; des choses tout-à-fait pertinentes sur lesquelles je ne m'étais jamais interrogé. Nous étions d'accord sur tout ce qui concernait les Arts, et particulièrement la peinture (elle m'a insufflé ma passion pour le courant Pré-Raphaëlite, et c'est l'une des choses que je garde d'elle). Nous étions plutôt opposés sur les questions de couple (sic !).
Edit : pour revenir à
Shades of God, c'est un album intéressant (difficile de revenir sur le sujet initial après tout ça ; désolé, Lorelai)